Compassion, peine et pitié …

Un petit article pour évoquer ici un certain nombre de choses que j’ai sur le coeur. Mon coeur qui devient de plus en plus fragile avec ce projet bébé qui s’éternise. Et ma susceptibilité de plus en plus sensible …

Je me rends compte, qu’inconsciemment, je suis jalouse et j’en veux à la terre entière. Les questions sur nos projets deviennent vraiment gênantes …

Le week-end dernier nous voyons de la famille à mon conjoint dont son cousin. Adorables avec sa conjointe, ils viennent d’être parents en juillet dernier et ne savent pas pour notre projet bébé. Lui aussi était persuadé, comme çhaque fois que l’on se voit depuis un an, que nous allons lui annoncer une bonne nouvelle. « Et vous, pas de bonne nouvelle à annoncer ? » « Non. » une petite carte de voeux accompagne les cadeaux que nous nous offrons « Bonne année 2017 … en espérant qu’un petit cousin ou cousine soit dans vos projets ! » Si ils savaient …

Les annonces de grossesse deviennent également … très compliquées. Surtout quand elles sont publiques, en mode « célébration de la nouvelle » devant 5-10 personnes. Il y a peu de temps, j’ai appris qu’une amie était enceinte, et j’étais sur le coup réellement ravie pour elle, elle me l’a dit en tête à tête (elle est au courant pour notre situation). Puis, nous avons vu des amis ensemble, et là, ce qui a dû arriver arriva, un couple d’amis annonce ses fiançailles, mon amie et son mari annoncent la grossesse. Ribambelle de félicitations, de joie et d’enthousiasme. Moi, seule (car mon conjoint n’était pas là) reste discrète, sans euphorie mais essaie de participer sans attirer l’attention. Et là, moment tant redouté, un ami (devenu papa il y a un peu plus d’un an) me demande : « et toi alors ? pas de bonne nouvelle à annoncer ?! » avec un grand sourire, persuadé que j’allais dire quelque chose de positif. Moi : « ah non ! » j’ai les larmes aux yeux. Tout le monde me remarque. Il me dit un « désolé, excuse-moi » rempli de malaise et de compassion. Je m’isole et lui explique à lui et sa conjointe le projet bébé, la fausse couche … je pleure. Ils me réconfortent.

Puis l’après-midi reprend son cours. J’étais seule. Seule malgré le regard bienveillant et plein de compassion de tous mes amis. Malgré leur effort pour me redonner le sourire. Même ces gestes gentils et attentionnés je ne les vis plus bien. Ceux-ci me blessent alors qu’ils devraient me réconforter. Je me sens encore plus « anormale », « handicapée », « malade ». Mais, comment réagir face à l’infertilité des autres quand on n’est pas concernés et de plus que l’on a eu un enfant sans souci ? La réponse idéale n’existe pas. Et je ne peux en vouloir à personne de poser des questions sur nos projets bébé quand ils ne savent pas, ce genre de questions est tout à fait normal. Moi-même je poserais ses questions spontanément. Avoir envie de connaître les projets de des proches c’est tout à fait normal. Comment puis-je en vouloir aux gens qui ont de la peine pour nous ? C’est naturel et bienveillant. Mais je n’arrive plus. Je n’arrive plus à assumer ce parcours, ces échecs devant les autres, je n’arrive plus à cacher ma culpabilité, de ma responsabilité dans cette infertilité et mon mal-être. La seule solution à tout cela, que cela fonctionne rapidement ! En attendant, éviter au maximum les grandes célébrations de grossesse et les échanges avec les femmes enceintes qui se plaignent de tous les effets secondaires. C’est totalement égoïste de ma part, mais c’est mieux pour tout le monde.

 

Subir / Se réjouir des annonces de grossesse.

Un dessin de Dodeline dessine que j’ai découvert et qui correspond tout à fait à mon état d’esprit …

Les annonces de grossesse se poursuivent autour de moi … Au boulot, sur Facebook, etc. Je vais être honnête : je n’en peux plus ! Pourquoi le monde ne s’arrête pas de tourner le temps que je fasse mon bébé ? Comment ça, le monde ne tourne pas autour de moi ???!!!! Oui. J’ai des pensées profondément égocentriques, égoïstes, narcissiques … je m’en veux pour cela. Je m’en veux de devenir cette personne aigrie qui n’arrive pas à simplement se réjouir pour ce genre de bonnes nouvelles. Bien sûr, que j’ai ce sentiment, je me réjouis du bonheur de ces personnes qui vont avoir un bébé, c’est vrai. Mais, à chaque fois, simultanément, j’ai ce sentiment pourri d’envie, de jalousie, de tristesse, d’interrogation, d’incompréhension : « pourquoi pas nous ? »

A côté de cela, je vais mieux. Je reprends le sport. Je retrouve mon quotidien de jeune femme active. J’ai hâte, nous avons hâte. Prochain rendez-vous le 2 décembre, pourvu que tout soit évacué … et puis, pourquoi pas reprendre les essais courant décembre, si mes cycles le permettaient. On reprend les bonnes habitudes, et les mêmes impatiences. En attendant, Noël arrive, et ça, je vais en profiter à fond !

 

« C’est dans la tête ! »

Bon, je profite de ce blog pour faire un petit coup de gueule à toutes les personnes (pour la plupart) bien attentionnées mais qui ont cette maladresse systématique de nous sortir la fameuse phrase : « C’est dans la tête. » quand bien même nous expliquons que nous avons une maladie : les ovaires polykystiques.

Voici le type de réponse que j’ai déjà eu en révélant pour la première fois à des amies que je galérais pour avoir des enfants depuis plus d’un an car j’avais un syndrome qui pouvait bloquer l’ovulation :

« Il faut laisser faire les choses et arrêter d’y penser. Le fait d’angoisser et de ressasser cela, cela peut faire des bloquages tu sais ? Et puis ça arrivera quand tu ne t’y attendras pas. »

Et là, voici ce qui se passe de ton côté :

1 – tu as premièrement envie de leur dire : « Informez-vous sur ce que sont les ovaires polykystiques et leurs conséquences. Je sais que j’ai ce souci depuis la puberté et je n’invente rien. Les dosages hormonaux et les multiples échographies réalisées le confirment. C’est une maladie ! Et même si j’ai fortement espéré que cela disparaisse depuis mes 18 ans, et bien c’est toujours là.  »

2 – tu as aussi envie de leur dire ça : « Vous me connaissez suffisamment pour savoir que je suis quelqu’un de positif, que je sais le pouvoir qu’a le mental sur le corps. Alors non je n’angoisse pas, non je ne ressasse pas cela tout le temps (pour preuve c’est la première fois que je t’en parle !) mais OUI j’y pense, et j’ai hâte et je suis impatiente. J’ai le droit non ? »

3 – Quant au fait de ne pas y passer car ça « arrivera » quand je ne m’y « attendrai » pas… Comment dire … ?! Cette phrase est insensée ! Quand on a un projet aussi important, bien sûr que l’on y pense. Et non ça ne peut pas arriver sans que je m’y attende car après 14 mois où rien n’était calculé et où nous laissions la nature faire, justement nous rentrons dans un mode PMA où beaucoup d’éléments doivent être calculés pour favoriser la conception. Alors certes, il ne faut pas que cela soit une obsession qui pourrisse l’attente et qui nous empêche en tant que couple de profiter de la vie. Mais s’il vous plaît arrêtez de dire « Il ne faut plus y penser ». Si c’était si simple, nous ne serions pas si nombreuses à galérer …

4 – et enfin après avoir tenté de donner une réponse cordiale aux personnes qui nous ont dit ça, et bien malgré tout, ce genre de réflexion est une raison de plus qui nous amène à culpabiliser …

Donc, un conseil à toutes les personnes qui échangent avec des femmes (ou hommes !) ayant des soucis de fertilité, ne dites pas ce genre de remarque. On connaît tous des témoignages de personnes qui ont réussi à avoir un bébé alors qu’ils ne s’y attendaient plus. Et quelle belle surprise. Mais, ce n’est pas le cas pour toutes. Et la majorité des femmes qui tombent enceintes ne l’apprennent pas « par surprise » il me semble. Donc ne demandez pas aux gens de ne plus penser à leur envie de bébé, c’est inconcevable.